Avec Workplace Facebook va-t-il réussir là ou tous les autres ont échoués ?

Atouts et faiblesses du réseau social pro de Facebook

Greg
6 min readOct 24, 2016

Facebook a lancé la semaine dernière Workplace. Son premier produit destiné aux professionnels. Pour le résumé c’est une plateforme en ligne qui regroupe les principales fonctions de Facebook (newsfeed, contacts, groupes, événements, vidéos,..) mais pour une audience pro.

Comme je l’ai déjà expliqué, les projets de RSE (réseaux sociaux d’entreprise) sont souvent compliqués, mais Workplace arrive avec de sérieux arguments.

Assez pour réussir là ou beaucoup se sont cassés les dents ?

Un lancement mené d’une main de maître

Facebook travaille depuis un moment déjà sur sa déclinaison pro. Et cela fait plus d’un an qu’elle est utilisée en beta (sous le nom de Facebook at Work) chez plus de 1.000 organisations (corporate, ONG,…).

En France, on peut citer Renault Retail Group, Danone, Club Med ou encore Century 21.

En plus du fait que cette beta à grande échelle à certainement permis de faire mûrir le produit avec des vrais utilisateurs, elle apporte un avantage non négligeable selon moi.

La social proof (preuve sociale) qui fait qu’en tant que décideur dans une entreprise, on aura moins de mal à se projeter sur cet outil quand on sait qu’il est déjà utilisé avec succès par des entreprises du même secteur que le notre.

D’ailleurs ce n’est pas un hasard si quand vous regardez la liste des entreprises qui ont participé à la beta, elles sont de tous pays et tous secteurs.

L’ergonomie

Quand un produit est utilisable par près de 2 milliards de personnes, c’est que son ergonomie n’est pas si mauvaise. Et quand on sait qu’une partie non négligeable de votre staff utilise déjà Facebook à titre perso (parfois plusieurs fois/jours), on se retire définitivement du pied l’épine de l’onboarding et de la formation par rapport à un outil concurrent comme Slack.

Un outil taillé pour les multinationales

Dans un environnement corporate international, l’anglais est généralement la langue de référence. Et rares sont les applications internes disponibles en plus de 3–4 langues. Facebook Workplace est disponible en 100 langues avec traduction automatique. De quoi vraiment rapprocher le développeur en Inde des équipes basées à Londres, Hong Kong ou dans le Golfe. Savoir que la barrière de la langue n’est plus est un vrai facteur différenciant source d’engagement.

Le Prix

Un des intérêt d’arriver après les autres sur un marché déjà encombré est qu’on peut facilement se différentier par les prix, surtout quand on compte sur des volumes d’utilisateurs énormes ce qui est complètement dans les gènes de Facebook. Chez l’américain, l’unité de mesure pour ses outils est la centaine de millions d’utilisateurs.

Avec Workplace nous avons donc un pricing agressif et dégressif:

  • 3$/utilisateur/mois pour les 1 000 premiers comptes
  • 2$ /utilisateur/mois jusqu’a 10 000 comptes
  • 1$ /utilisateur/mois au delà de 10 000 comptes

A titre de comparaison, Slack un de ses principaux concurrents se positionne avec des plans compris entre 6 et 15$/utilisateurs/mois.

De quoi en faire une future cash machine quand on sait la difficulté pour une entreprise à sortir de ce type d’outil lorsqu’ils parviennent à trouver leur place dans les organisations.

Le mobile

Il y a quelques années Zuckerberg et son équipe on pris la décision de faire de Facebook une société “Mobile First”. En d’autres termes, les applications sont désormais pensées en 1er pour le mobile et on les adapte ensuite pour les autres plateformes.

D’ailleurs il suffit à n’importe quel moment de regarder sur l’Appstore Apple ou le Play Store de Google pour voir qu’entre WhatsApp, Messenger, Instagram et bien sûr Facebook, le géant est en permanence dans le top des applications téléchargées.

A l’heure ou on demande aux outils professionnels d’être de mobiles, Facebook mieux que quiconque est armé pour proposer des solutions complètes en mobilité. Messageries, photos, vidéo live, appels ou visio conférence, tout ceci est disponible dés le lancement de Facebook Workplace. Workplace étant fonctionnellement très proche de la version “consumer” cela permet également de mutualiser les évolutions.

La sécurité

Les responsables informatiques devront s’y faire, les solutions logicielles pro sont désormais par défaut en SaaS et la tendance n’est pas prête de s’inverser. Toutefois on peut comprendre une certaine frilosité à confier ses données internes à Facebook.

Cela va clairement être un des arguments qui sera le plus utilisé par les départements sécurité, conformité et IT pour bloquer la mise en place de Workplace.

Facebook s’y attend et a décidé de mettre la sécurité au centre de son argumentaire.

Tout d’abord et contrairement à la version “consumer” l’entreprise reste maître de ses données (heureusement me direz-vous).

Ensuite les données sont stockées aux US et en Europe ce qui permet de respecter certaines exigences réglementaires. Facebook va d’ailleurs respecter le “EU-US Privacy Shield Framework” un accord sur la protection des données personnelles entre les US et la Commission Européenne.

Enfin — et ce n’est pas neutre — Workplace a été développé en Europe (à Londres) par les équipes de Julien Cordoniou.

Bref tout pour faire mieux passer la pilule aux plus réticents.

Workplace vs la compétition ?

Comme je le disais dans la section dédiée au prix, Facebook arrive sur un marché bien encombré mais il a paradoxalement peu de concurrents directs.

Les solutions les + proches fonctionnellement sont souvent vendues au sein d’un package logiciel dont elles ne représentent qu’une brique:

  • Yammer de Microsoft fait partie de l’offre Office 365.
  • Hangout de Google fait partie de la G Suite

On a enfin Slack qui a vraiment le vent en poupe mais qui fonctionnellement est aujourd’hui moins complet et moins simple à appréhender que Facebook.

Enfin on peut citer Chatter de Salesforce dont je n’au réussit à me procurer les prix (si vous les avez, n’hésitez pas à les mettre en commentaire je mettrais l’article à jour).

En résumé, les alternatives à Workplace sont soit intégrés dans une suite logicielle (difficile d’isoler le pricing et de justifier un outil “externe”) soit différents en terme de fonctionnalités (voire même de philosophie).

Et demain la VR ?

Même s’il s’agit de deux produits très différent, difficile de ne pas rapprocher ce lancement des annonces faites par Mark Zuckerberg lors de la conférence Oculus Connect 3 qui s’est tenue quelque jours plus tôt.

Je pense plus particulièrement à cette vidéo:

Si vous ne l’avez pas encore vue prenez vraiment 5 minutes. C’est sans hésitation l’expérience de VR la plus convaincante que j’ai vu à ce jour.

A ce stade, pas besoin de faire un gros effort d’imagination pour imaginer ce que cela pourrait apporter dans un environnement pro entre des équipes éparpillées géographiquement et avec la croissance du télétravail. On est quand même très loin de ce que propose un Skype…

En résumé

Entre un lancement à grande échelle, une prise en main immédiate, un tarif agressif et la promesse d’une expérience mobile intégrée, Facebook Workplace a de sérieux atouts pour s’imposer comme un outil de référence en entreprise.

Ses concurrents sont trop chers, packagés ou plus compliqués.

J’attends quand même de savoir ce que Microsoft va faire de Linkedin même si on a des raisons de s’inquiéter.

Reste la gestion des données et la sécurité qui peuvent poser problèmes pour valider le passage à Workplace dans les directions informatiques des grands groupes. Mais final, le problème se pose pour la plupart des acteurs en ligne…

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Greg
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Written by Greg

Digital manager & Mobile addict — @cliboub

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